CR Tor des Géants

L'avant Tor

Dernier compte-rendu de 2011. Dernier compte-rendu pour ma dernière course 2011. Et je l'écris en 2012. Alors que je viens de finir le 48h sur tapis d'Evreux. Je crois que je n'ai pas pu résister à l'appel du Tor des Géants. J'ai vu ce truc sur le calendrier, je n'ai pas pu y aller en 2010 car j'étais au déca mais fondamentalement, en 2011, c'était un peu la course en trop. Mais enfin, 330km, 24000m de D+, un temps limite de 150h, je n'ai pas pu résister. Trop tentant.

Du coup je l'ai préparé un peu à l'arrache, en cours d'année je me suis rabattu sur Paris-Brest-Paris comme objectif principal, et j'ai compté un peu sur ma "classe naturelle" (au 2nd degré pour ceux qui suivent lentement), un peu sur la chance, et aussi sur le fait que le temps limite de 150h est (toute proportions gardées) relativement démocratique et permet de finir sans courir comme un lapin.

Bref, par exemple, en août 2011, mon kilométrage à pied total, cumulé sur 31 jours, est en dessous de 100km. En temps normal je bouffe cela en une semaine. Certes j'ai fait du vélo, je ne suis pas resté inactif, mais tout de même. Et puis cela fait des mois que je surfe sur ma bonne forme de 2010, j'ai enchaîné les courses, la Barkley , les brevets cyclos, je tire un peu sur la corde, et pour être très honnête, à force, je me sens un peu fatigué.

Donc, c'est décidé: le Tor, j'y vais, je fais au mieux, je vise "en dessous de 100h" parce que cela est à la fois ambitieux et réaliste, et puis si cela se passe mal je rentre au temps limite, point final. Enfin, pas tout à fait, j'ai un train retour qui part samedi midi donc il faut que je sois en-dessous des 145 heures si je veux ne pas le rater, et en-dessous des 130 heures si je veux m'offrir le luxe de dormir avant de prendre le train en question.

Je me suis promis que si je tombe en dessous de 100h, je retente la Barkley cette année. Si je suis au-dessus, cela veut dire que je n'ai pas le niveau, retour usine, préparation, il faut changer un truc.

Dans tous les cas, mon programme pour Octobre 2011, c'est repos, repos, repos. Cette course sera la der des der jusqu'à nouvel ordre, je n'ai rien d'autre de planifié, il n'y a plus que cette course à mon programme, et j'ai une revanche à prendre par rapport à la RDC où je trouve que je me suis beaucoup promené, et je suis resté un peu décu de mon côté "non-compétitif" en trail. C'est étrange, sur route, sur circuit, j'y vais le couteau entre les dents, mais en trail je me mets à regarder les petits oiseaux et je rentre à la maison tranquille.

Numérologie

Juste en passant, parce que c'est rigolo. J'avais la chambre d'hôtel 222. Et c'était aussi mon numéro de dossard. Un signe? P'têt bin qu'oui. P'têt bin qu'non.

Le parcours

Question parcours, j'ai imprimé et plastifié les profils fournis sur Internet par l'organisation. Et c'est à peu près tout. Je sais qu'il y a 7 troncons avec donc 6 grosses bases-vies entre. Pour le reste je ne connais pas leur nom, je n'arrive pas à m'en rappeler, même maintenant après y être allé cela ne me parle pas beaucoup.

Je crois que j'ai navigué un peu comme un zombie-touriste pas trop motivé, j'ai vu de supers paysages, de magnifiques glaciers, des sous-bois bucoliques, des pierriers dantesques, mais je suis incapable de mettre des noms dessus. Et je crois que cela n'a pas grande valeur pour moi, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire ce Tor, je l'ai vécu dans l'instant présent, sans trop me soucier de ma situation géographique réelle, et c'est très bien comme ca. De toutes facons, c'était à prendre où à laisser, je n'avais pas le temps de préparer plus.

Je tiens à préciser que j'avais toujours sur moi une boussole, que je suivais assez précisément mon évolution **pendant la course** et que si je m'étais perdu, j'aurais su donner des indications sur ma position et/ou rebrousser chemin, rejoindre une route proche, etc. Mais je n'ai attaché aucune valeur à la mémorisation de tout ca, et aujourd'hui je propose donc un compte-rendu un peu décousu, avec certainement des erreurs, mais peu importe, l'esprit y est.

Je vais tout de même essayer de le découper pour coller aux (7) grandes sections séparées par les bases vies, d'une part parce que ce sera tout de même plus clair, et d'autre part parce que si jamais je le refais, ce Tor, je serai content d'avoir rangé un petit peu ca dans l'ordre.

Section 1 : Courmayeur - Vagrisenche

1ère montée
1ère montée, et pas des moindres. Histoire de se mettre en jambes, quelques centaines de mètres de D+. Où l'on a l'impression de ne pas forcer et en fait c'est celle où, en réalité, on va le plus vite...

Départ. Je regarde un peu autour de moi, j'apercois un coureur avec un sac-à-dos de 75L (je ne sais même pas si j'exagère) qui trottine à ma gauche. Surréaliste. En même temps s'il est costaud il peut finir. Mais à part faire un pari avec les copains, je ne vois pas à quoi cela peut bien lui être utile.

Peu importe. Rapidement, dans la première côte, je sympathise avec Patrick. Patrick, je vais le revoir souvent. Il habite pas loin de là où je travaille, dans le 78. Il y a aussi Luc, que j'ai rencontré sur la ligne de départ et qui a tilté en voyant mon maillot Paris-Brest-Paris (que j'avais mis un peu exprès des fois qu'un cyclo se cache dans la troupe). Patrick et Luc, ce seront les deux compagnons que je vais croiser le plus souvent, mais ca je ne le sais pas encore.

Retour à la civilisation
De temps en temps, nous repassons "en ville" et reprenons contact avec le goudron. De temps en temps. Seulement.

La montée est une formalité (normal, à ce stade...) et la descente, boudiou tiens, je me sentirais presque bien en descente. Je sais que cela ne durera pas. Je me fais cette réflexion que, tiens, si on n'était partis sur un 100 miles, je serais parti à peu près à la même vitesse. En gros, je suis parti trop vite. Je crois que je m'en fous. Je verrai plus tard. J'ai aussi un peu discuté avec des UFOs en route. Je prends le temps de rentrer dans la course.

By night
Un photographe courageux et tenace, car pour attraper les coureurs de nuit, vu comme nous sommes espacés sur un parcours aussi long, il faut "en vouloir".

Je prends le temps, je prends le temps, mais le ciel se couvre. Il fait nuit quand j'arrive à Valgrisenche. Là, je retrouve du beau monde. Patrick par exemple, qui mange sur une table. Et Basile, et Alex. Je croise même Gideon. Il est bien le Gideon, il avance bien, il ira loin ce petit. Bon, moi, j'essaye surtout de ne pas m'éterniser ici. Dehors il tombe des hallebardes. Certains décident de s'arrêter un peu le temps que la pluie cesse. Mon point de vue c'est que si on se laisse influencer par la météo dès le premier jour, on risque de ne pas aller bien loin. Donc je sors sous la pluie, avec Basile. Nous nous plantons de route au bout de 800 mètres, à l'endroit même où un bénévole nous a dit "attention, à 100 mètres, il faut tourner à droite". Et nous on a pris tout droit. Les boulets. Basile finit par me lâcher.

Section 2 : Valgrisenche - Cogne

Rapidement, donc, je me retrouve seul, ou enfin, sans tête connue autour de moi. Je dors un petit peu au milieu de la nuit dans le fond d'une salle. Je médite sur ma bêtise et mon imprudence. En effet il fait humide mais pas très froid, et je suis déjà à fond niveau vêtements, j'ai tout sur moi. J'ai plutôt froid. Oh ce n'est pas l'horreur, je pourrais bien tenir 5 degrés de moins. Mais à 10 degrés de moins je commencerais à être, comment dire, dans la merde. Et ce n'est pas sérieux, je me dois d'avoir davantage de marge. Enfin tant pis, c'est fait, maintenant il faut attendre Cogne.

Paysage typique
Je ne saurais exactement dire où cette photo a été prise, ceci étant le paysage est vraiment typique, on en a bouffé de la verdure de ce genre, on en a bouffé... Et c'est très joli, n'est-ce-pas ;)

À Eaux-Rousses, le soleil se lève. Je marque une pause prolongée. Je peine à trouver le début de la montée. Comment, suis-je déjà fatigué? Je rencontre Alex dans la montée et finalement nous décidons de monter ensemble. Cette montée nous envoie vers le point culminant de l'épreuve. Et alors là j'ai un problème. Un grave problème. Le souffle, l'altitude. Je l'avais bien senti un peu à la RDV , je l'avais bien aussi senti sur les premières montées de ce TDG, mais là ca devient l'horreur. Je manque totalement de puissance. Passé 2000, je deviens un joggeur lambda, fini l'ultra-endurant Christian Mauduit. Passé 2500, je ventile comme un fou. Passé 2800, c'est l'horreur, je suis scotché au rythme des promeneurs. Et passé 3000... heu, joker? Je monte à une allure ridicule, je suis obligé de m'arrêter tous les 50 mètres. Par moment, je m'arrête sur mes bâtons et dois attendre plusieurs minutes avant que le souffle redescende. Je me dis que c'est pas grave, même si je monte au rythme d'un mètre de dénivelé par minute, au bout de 200 minutes (soit un peu plus de 3 heures tout de même...) j'en aurai fini avec ce p*tain de col. Mais c'est la galère, la vraie galère. Je ne suis pas fâché de basculer de l'autre côté. Franchement, j'ai vu le moment où je n'allais jamais passer. Et puis en insistant, à force, ca finit toujours pas passer.

Aérien
Là, on sent l'effet 3000. Je ne sais plus si ce col est au-dessus ou en-dessous, peu importe, dans tous les cas c'est bien caillouteux comme on aime, et je trouve que cela ajoute beaucoup au cachet de la course, le fait de vraiment monter au delà de la limite de végétation.

La descente sur Cogne est superbe. Je n'ai pas pris d'appareil photo mais nous avons une vue sur des glaciers tous blancs, car il a neigé/grêlé en altitude cette nuit, en plein soleil, c'est une des plus belles cartes postales que j'ai là sous mes yeux. En parlant de soleil, et de Cogne, pour cogner, ca cogne. Je ne m'éternise pas sous cette tente surchauffée, j'essaye de prendre le large au plus vite.

Section 3 : Cogne - Donnas

Bon, alors soyons clairs, depuis le début j'attends mon second souffle. Je me demande bien quand ma mécanique va se réveiller, quand est-ce que mon turbo secret va se déclencher et que je vais enfin pouvoir appuyer sur le champignon. Soyons-clairs, c'est pas pour maintenant.

Je suis défoncé. Il fait une chaleur à crever. Dans la montée qui suit un grand plat le long d'un torrent, je suis carbonisé, et je me fais reprendre par 10, 20, 30 coureurs. C'est simple, toutes les 5 minutes, quelqu'un me reprend. Je regarde ma vitesse ascensionnelle. 300 mètres/heure. Rythme rando. Et je suis à fond. Au taquet. Oh misère.

Au refuge, avant l'estocade finale qui me mènera au col, je fais une petite pause, je dors un tout petit peu, vu le rythme où je me traîne, je peux biem ronquer un peu, en gagnant 100 mètres/heure de vitesse verticale, je peux facilement rentabiliser l'affaire. Tiens, voilà Luc je crois. Il commence bien ce Tor, il va me manger tout cru, je suis déjà caramel et c'est juste le 2ème jour. Finalement, ce col, j'y arrive, pas en forme, mais j'y arrive. La descente qui suit est moche. Moche vraiment moche. Rarissime sur ce parcours.

Et puis la nuit tombe. Et puis je reprends du poil de la bête. Gniark, greu, rhâââ me voilà. Rétrospectivement, c'est tout bête, il suffit de descendre et je suis en forme. Il suffit que je monte et je ne vaux plus rien. Enfin bref. Je téléphone à Valérie dans la nuit. Exercice dangereux mais la descente, à ce stade, est facile. Des habitants ont laissé, pour nous, dehors, un thermos de café et un carton avec dedans des barres chocolatées. Je prends un Kinder Bueno. Le meilleur du monde. J'aurais envie d'embrasser ces gens pour leur dire merci, mais ils dorment et je dois sentir très mauvais.

La descente continue. Pour la première fois depuis deux jours, je nourris l'espoir secret de ne pas me faire reprendre dans cette descente. C'est difficile tout de même - je descends vraiment comme une merde - mais ca se tente. Tiens au fait, pourquoi je descends mal? Je descends mal parce que je ne pratique pas la descente. En montée ca passe car avec le vélo j'ai les cuisses qu'il faut. Mais en descente, avec la fatigue, ca ne passe pas.

Et j'en profite pour ouvrir une parenthèse. J'ai souvent répété, à qui voulait l'entendre, que c'est en côte qu'on fait la différence. C'est vrai. Mathématiquement. Mais c'est vrai à condition que le rythme en côte soit inférieur à celui en descente. Hors donc, moi, quand je suis bien cuit, je descends plus lentement que je monte. Et là c'est vraiment foutu parce que c'est certain, je perds un temps astronomique. Et c'est un peu ce qui m'est arrivé sur ce début du Tor, et qui continuera, à quelques rares exceptions près, jusqu'à la fin de la course.

En attendant, pour l'instant, j'ai la pêche. Cette descente est interminable, mais j'ai pas envie d'en finir tout de suite. Je fais une bonne partie du trajet avec Luc. La fin est une vraie boucherie, escaliers par-ci, cailloux par-là, et puis de la friture, montée-descente, tout le temps. En fait je trouve que c'est plutôt ludique, je m'entraîne à enchaîner les marches rapidement à la descente, sans vraiment courir, en gardant toujours un pied en contact au sol et en amortissant tout avec les cuisses. Et je m'en sors pas mal je trouve. Il y a des cabanes en pierre le long de ce chemin. Étrange, qui peut donc bien avoir envie de construire un abris ici, en pleine forêt? Cela semble impropre à l'élevage, impropre à... tout à part courir dans les bois.

Je crois me souvenir que nous avons envisagé de dormir avant Donnas, mais rien n'y fait, c'est impossible, il faut aller jusque là-bas. Le dernier plat avant Donnas est une bonne purge comme on les aime, mais bon, faut s'y faire, 330km c'est long.

Section 4 : Donnas - Gressoney

Bon, alors à Donnas, je me dis que j'ai mérité un bon petit dodo. Avant de faire dodo, je regarde mes pieds. Et là, catastrophe. Nom d'un zèbre, qu'est-ce que c'est que ca? J'ai, des deux côtés, des énoôÔÔôormes ampoules sur les talons. À droite l'ampoule du débutant randonneur, vous voyez, bien derrière là. Je pense que c'est à cause des bosses, à marcher en pente le pied a tendance à vouloir sortir de la chaussure, ce qui n'arrive pas en plat, surtout quand, comme moi, on rase le bitume. À gauche une version un peu plus petite, qui de toutes facons a déjà éclaté. En gros, je paye le prix de ne pas m'être entraîné en trail récemment. Mon entraînement Barkley est trop loin. Misère de misère, que faire? C'est gros, cela fait bien 3 ou 4cm de large, c'est épais (5mm ?) et si jamais ca éclate, ca va faire mal. Je ne me vois pas boîter encore 200 bornes avec des couteaux derrière chaque pied.

Franchement, je crois qu'à cet instant, et ca faisait longtemps que ca ne m'étais pas arrivé, j'ai vu le moment où j'allais tout simplement échouer et ne pas réussir à finir.

Je demande autour de moi si quelqu'un s'y connait en pieds. Pas beaucoup de retour, il y a bien quelques bénévoles, mais ils manquent d'assurance. Là je fais mon gros con bien bourgeois, je snobe leur aide et vais dormir, espérant qu'à mon réveil je trouverai un artiste du pansement qui saura me résoudre mon problème. Et au réveil, coup de pot, il y a effectivement un médecin, peu importe son statut, un type, qui semble maîtriser le sujet. Je lui fais confiance. Il perce, fais des trucs, fous un gros strap par-dessus tout ca et... et j'ai plus qu'à repartir. Il a fait du bon boulot. Pour info, son pansement tiendra jusqu'au bout. Un pansement qui tiens 200 bornes de trail, c'est plus un pansement, c'est un miracle. Merci l'artiste.

Je repars donc avec mes deux pieds à moitiés pourris, l'un avec le pansement, l'autre sans mais bizarrement, mon ampoule éclatée ne me fais pas trop mal. C'est pas hyper beau avoir, ca pique un peu mais ca reste soutenable. Toutefois, je boitille dans les bosses, je commence à développer une nouvelle technique de montée, les pieds tournés vers l'intérieur, ou alors carrément en escalier, pour que le talon frotte le minimum. Ce serait trop simple si on pouvait marcher normalement.

Et j'arrive même à courir dis-donc! Le jour s'est levé, j'ai la pêche, et la montée vers Coda se passe sans soucis. Allez, j'y crois, c'est le 3ème jour, j'ai la pêche, je vais revenir dans la course.

Je crois bien, d'ailleurs, que ce secteur est censé être un des plus costauds, et finalement, athlétiquement parlant, pour moi, il est plutôt bien passé. À part un petit détail... Quelque part, dans la montagne, j'ai mal lu le road-book, mal anticipé, et mal bu. Mal bu, et pas parti "gourdes pleines" du ravitaillement. Alors que depuis le début j'arrive à chaque fois avec un bon demi-litre de rab' au fond de la poche, là, je pars léger. Et je le paye très cher. Je le paye cher car la descente sur Niel (je crois que c'était bien Niel) est une descente, certes, mais c'est en plein soleil, et c'est long. Et il n'y a pas de petit ruisseau. Ah si ca coule, mais ca coule en dessous des rochers. Je finis par m'arrêter et crapahuter un peu dans le fond d'un ruisseau pour aller remplir mon verre et étancher ma soif. Quitte à boire de l'eau aussi bas en altitude et prendre le risque de choper la tourista, j'aurais pu faire le plein complet de ma poche. L'ai-je fait? Non. Je repars donc à vide. Et 20 minutes plus tard je suis à nouveau mort de soif. J'en peux plus. Heureusement je suis à l'ombre, et la nuit va de toutes facons tomber. Je croise une dame avec son enfant, qui pourrait avoir l'âge d'une de mes filles. S'ils sont là, c'est que la civilisation n'est pas loin! Je n'ose tout de même pas lui demander à boire, j'ai honte. Après tout c'est de ma faute j'aurais du faire le plein. Et j'ai soif, j'ai soif. Du coup je n'avance plus. Je suis maintenant dans un sous-bois humide, mais toujours pas de ruisseau. J'en peux plus, c'est horrible, je vais crever, c'est sûr, je ne pense plus qu'à de l'eau, de l'eau, de l'eau. Qui a dit qu'il fallait boire avant d'avoir soif? C'est pas un homme de terrain qui a dit une ânerie pareille, parce que, tenez-vous bien, quand on n'a pas d'eau, on ne peut pas boire, que ce soit bien ou pas.

Et enfin, j'arrive à Niel. Là je ne pense plus au chrono. Je pense juste à sauver ma carcasse. Je me ravitaille rapidement et j'oblique vers une tente, je veux dormir un peu, 45 minutes par exemple, car une montée vers 2800 mètres m'attend.

Je reprends donc des forces, mange, respire un grand coup, et j'attaque.

Bon, le coup du 2800... Encore une bonne blague de tonton Christian. Pour je ne sais quelle raison - j'ai du demander des infos par oral à un bénévole d'un point de contrôle précédent - je m'attends à ce que ca monte jusqu'à 2800. En vérité le col est à moins de 2400, mais je ne le sais pas encore. Donc je monte en m'économisant, en me disant p*tain m*rde encore un 2800 avant la prochaine base, il va faire froid là-haut, ca va être dur. Du coup j'y suis, dans le dur. Je me paume dans la montée. 20 minutes au milieu de nul part. Je vois des trailers en dessous. Je leur crie et demande s'ils sont sur le bon chemin. Personne ne me répondra. Bof. Je les vois partir, je fais demi-tour, j'essaye de prendre leur trace, et finis par trouver. À un moment on bascule sur un autre versant. J'attends toujours mon 2800. Je ne vois pas comment, par ici, on peut monter à 2800. Je cherche, j'angoisse un peu. Je patauge aussi, c'est ambiance splotch splotch, je joue à saute cailloux, j'ai déjà les pieds bien pourris, pas la peine d'en rajouter.

Dans la descente, je me traîne. Zéro vitesse. Et puis voilà un sympathique ravito. Je crois qu'à ce stade j'ai plus ou moins compris qu'il n'y a pas de 2800. C'est dommage je me suis économisé presque pour rien, j'aurais pu monter au train sans risques, profiter de ce faux-plat descendant plutôt que de gamberger. Bon bref, au ravito il y a un accordéon et une trompette. Et là, c'est mon regret, je n'ai pas eu l'audace de jouer.

Je me suis promis, si je retrouve ces gaillards, de leur jouer un petit air. Je sais exactement ce qu'il aurait fallu jouer. Le tango des fauvettes. Vous connaissez? Je vous donne les paroles:

  Un soir que j'étais saoûl,
  Je m'suis roulé dans l'herbe.
  J'ai senti qu'c'était mou,
  J'avais l'nez dans la merde.

Et pour l'air, ben c'est simple c'est un tango.

Franchement, je regrette. Faut pas regretter, c'est pas bien. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Pour vous dire, j'étais déjà parti depuis 15 minutes, j'ai failli faire demi-tour, remonter et taper le carton avec ces musiciens. Mais je ne l'ai pas fait. Je regrette surtout tous ces souvenirs qu'on aurait pu construire ensemble, j'aurais bien pu prendre 30 minutes de ma course pour nouer des liens au milieu de la nuit et de la montagne. Impossible de revenir en arrière, la descente sur Gressoney est entamée.

Section 5 : Gressoney - Valtournenche

Bon, alors là, à ce stade, je suis un peu désabusé par mon rythme en dents de scie. Je me dis que demain, je fais la course, c'est sûr. Après tout, ne suis-je pas "l'homme du 4ème jour" en courses multi-jours sur circuit?

Tiens, voilà Patrick.

Il doit être en train de partir. Je vais pour me coucher. Au moment de fermer mon sac, CRAC! la fermeture éclair se casse. Oh misère. Je vois avec un bénévole. Il s'en occupe. Pendant ce temps, je vais dormir. J'ai trouvé un bon moyen pour dormir tranquille. Je mets ma montre à sonner, par exemple, à 4h15, et le portable à 4h30. Comme ca si je dors lourdement, le portable me réveille, sinon la montre suffit et je ne dérange pas tout le monde avec un bruit d'enfer.

Je me réveille. On m'a filé un sac neuf. Génial! Franchement, les bénévoles et l'organisation sont aux petits oignons.

Encore une...
Une de ces interminables montées. Je me rappelle que j'ai entamée celle-ci de nuit. Le jour s'est levé peu avant la photo. À ce stade j'étais au ralenti, plus ou moins en train de cracher mes poumons. Bah, c'est ainsi.

Grande section plate avant la montée. Le plat ca me va bien, je trotte. Et puis ca monte. Et puis, bah une fois qu'on est suffisamment haut, les ennuis reprennent, plus de jus, comme d'hab. Oh, bof, tant pis. La descente est rigolote, et les ravitos, sur cette portion, franchement sympas. Il fait désormais bien chaud. Je crois que c'est pendant la remontée après Saint-Jacques (Ayas) que j'ai eu très, très chaud. J'ai passé mon temps à chercher des ruisseaux pour mouiller ma casquette.

Et en haut, en haut, j'ai craché mes poumons. Sur cette portion je suis seul, très seul. Bah c'est toujours mieux que de se faire reprendre une place toutes les 5 minutes.

Et puis enfin, Valtournenche.

Section 6 : Valtournenche - Ollomont

Bon, alors à Valtournenche, j'ai fait un truc incroyable. J'ai pris une douche. La première depuis le début de la course. La dernière aussi. Je me rassasie bien avant la suite.

Et enfin je pars. Je suis dans un groupe mais rapidement ils me dépassent. C'est là que je discute un peu avec Raymond. Raymond, il a l'âge de mon père. Il finira devant moi. Je suis cuit, je suis carbonisé.

Peu avant la tombée de la nuit, j'essaye de téléphoner à Valérie. On m'explique qu'il faut être sur le bon rocher, sinon le GSM ne capte pas. Tu m'étonnes, il doit y avoir 5% du parcours sur lequel on capte quelque chose. Miracle, ca fonctionne. Je téléphone à Valérie. J'ai oublié mes bâtons. Je fais demi-tour. Je mets un collant long car maintenant j'ai froid. Et puis en route. Et là, en à peu près une heure, je crois que j'ai fait... 1km. Et pourtant, ca montait pas fort.

Que faire? Comme j'anticipe une salle descente pourrie de l'autre côté (la montagne c'est un peu toujours pareil y'a un côté raide et un côté en pente douce, donc si on est monté fastoche, de l'autre côté on paye l'addition) je me vois mal, dans l'état de fatigue dans lequel je suis, gérer une forte pente en toute sécurité. Je me sens pencher à gauche, à droite, je suis cuit. Pas le choix, je m'arrête.

Je me pose un peu à gauche du chemin, planqué derrière un rocher pour que personne ne me voit et ne sois tenté de me réveiller. Hé, tu dors? Je fais pointer mes bâtons dans le sens de la route pour éviter de faire demi-tour. Au moment où je ferme les yeux je sens une onde glacée m'envahir. Oh pinaise, comment ils font les alpinistes pour bivouaquer dans l'Himalaya? Moi à même pas 3000 et pas un pet de neige je suis déjà tout malheureux. Je dors 45 minutes et repars. Je suis tout raide et glacé mais j'ai les idées plus claires.

Je n'arrive plus à trouver les balises. Il y a des vaches. OK, elles les ont bouffé. Elles aiment bien ruminer fluo, c'est la dernière mode chez les bovins dans le coup. J'y vais à l'estomac et retrouve des balises plus loin. Enfin la descente. J'ai bien fait de dormir, ca descend franchement.

Et puis ca remonte.

Le point de contrôle est, comment dire, "roots". Mais en même temps tellement chaleureux. Je m'éternise. Je pars avec d'autres traileurs, mais je n'arrive pas à suivre. Trop haut pour moi par ici, j'hyper ventile, je n'ai plus de jambes. Ah bah c'est un mauvais moment à passer.

Tiens, voilà Luc. Là, pour le coup, j'essaye d'accrocher. J'essaye d'accrocher mais ca me coûte. Je balance tout ce que j'ai. Cette section a pour moi été une fameuse galère. Du caillou du caillou du caillou, le tout trop haut pour moi, et bien évidemment, de nuit. J'arrive à garder le fil avec Luc, mais quand nous arrivons au refuge, je suis totalement défoncé. En plus, je crois que j'ai une bronchite ou un truc du genre, non seulement je suis essoufflé mais en plus mes poumons sont pleins de saloperie, je crache des gros glaviots tous les 10 pas, c'est la retraite de Russie. En général, sur les courses, je pense souvent "là, je suis crevé". Mais à cet instant je pense plutôt "là, je *vais* crever".

La fille qui s'occupe du point de contrôle percute assez rapidement que je ne suis pas au mieux de ma forme. Sans discuter, je lui propose spontanément d'aller dormir. J'ai à peu près bien dormi. Le max autorisé, 2h je crois. Pendant que j'ai dormi, je pense que *personne d'autre* n'a dormi, j'ai largement monopolisé l'espace sonore avec mes quintes de toux. Au réveil, je me sens aussi pourri qu'en arrivant, mais je veux croire qu'en vérité, je vais mieux.

Je m'en vais perdre 30 minutes sous la tente, histoire de bien me refroidir, puis finalement, je pars. La bénévole m'a bien faire rire. "De toutes facons, vous allez vouloir continuer, n'est-ce-pas?". Bah oui tiens, tu crois que je vais lâcher l'affaire maintenant alors que j'en ai fait les trois quarts? Non mais.

Je continue mon bonhomme de chemin, jamais très vite, souvent arrêté comme une bonne loque dans les lacets, mais jamais hors jeu. Je traîne un peu dans les refuges, mon 4ème jour compétitif, je crois que c'est clair, je peux me le carer où je pense, la course, c'est pas pour moi en ce mois de septembre 2011. Ceci étant l'ambiance de cette section, même si compétitivement parlant, je l'ai ratée, restera pour moi la meilleure. Ces petites cahutes dans lesquelles on se sert les uns contre les autres, à manger de la charcuterie locale et des cacahuètes, c'est inoubliable. Je ne l'oublierai pas.

Alors que je cherche un peu ma route dans une descente, je vois deux trailers devant qui... cherchent aussi. Finalement je les rattrape. L'un est francais. Un autre Patrick. J'apprends en discutant qu'il a gagné le Raid 28 dans une vie antérieur. Diable, ca me fait tout drôle de courir à côté d'un kador comme ca. Un personnage haut en couleur, intéressant, qui a eu le courage de relancer sa carrière et de quitter son bureau pour devenir grimpeur élagueur. Lundi, il sera dans son arbre. Je suis scié (ha ha). On rencontre vraiment des gens improbables et formidables sur ces courses.

Je fais la montée au Col Bruson avec lui. C'est marrant, j'arrive à peu près à le suivre en descente car maintenant, après 4 jours de course, ca y est, enfin, tout le monde est pourri et tout le monde descend à la même vitesse que moi. Hé!

Section 7 : Ollomont - Courmayeur

À Ollomont, il fait bien chaud comme on aime, et nous retrouvons Luc (et peut-être même l'autre Patrick? Je ne sais plus.). Les suspects habituels quoi ;)

Je me refais bien soigneusement les pieds, normalement c'est bon, on va finir, la seule question est de savoir : en combien de temps.

J'essaye de suivre Patrick dans la montée, mais c'est impossible. Très vite je souffle comme un boeuf, je tousse, je crache. Et merde. Je lui dis de partir. Il n'ose pas trop me laisser seul. Je lui explique que c'est bon, je vais gérer, simplement, je ne peux pas monter vite, je n'ai plus de jus. J'ai remarqué que les sous-bois empiraient mes quintes de toux. Je pense que j'ai été victime d'un mélange allergie + bronchite + altitude et que les trois conjugués ont pourri mes poumons. En attendant, je monte seul, perds quelques places, et je commence un peu à me lasser...

Descente de l'autre côté, très sympa. Dans ma tête, il n'y a plus qu'à descendre, puis remonter sur Malatras, et c'est fini.

Mais après la descente, il y a aussi un grand plat. Là je me dis, chouette, je vais pouvoir courir. Mais non. Dès que je relance, l'air s'active dans mes poumons, ma trachée n'aime pas et je me retrouve planté sur mes batons à tousser, tousser, tousser. Donc toute tentative de courir 200 mètres se solde par une minute d'arrêt. Assez rapidement, j'arrête, et je marche docilement jusqu'au prochain point de contrôle.

Dernier contact avec la vraie civilisation avant la montée sur Malatras. Je perds mon temps. Tant pis, je m'en fous, j'ai juste envie de quitter ce traquenard. Dans la montée, un italien me sauve la vie. Il fait nuit, et il trouve les balises pour moi. Je ne sais pas comment j'aurais fait seul. Arrivé à l'ultime refuge avant Malatras, je suis exténué d'avoir forcé pour garder le contact avec lui. Je décide de dormir un peu. Je dors 40 minutes dans une remise glacée. Je me réveille tout bloqué de partout, grelottant. En quittant le refuge, je lance un grand cri du guerrier. YaaaaaAAAAAA!!! Je m'imagine déjà à l'arrivée. Je scrute les lignes de crête. Derrière moi des loupiottes de traileurs. Cette fois non. Je ne me laisserai pas doubler. J'en ai marre de faire ma lopette depuis 4 jours. Je cracherai mes poumons s'il le faut, j'y laisserai mes jambes, mais c'est dit, je serai là-haut le premier. Après tout, ca ne peut pas durer bien longtemps, a 2900 c'est fini, alors! J'envoie donc tout ce qu'il me reste. Sur la fin je cale un peu mais je continue à me répéter : cela ne peut pas durer bien longtemps. Au pire une heure? Deux heures? C'est rien du tout, une paille, c'est l'épaisseur du trait, à peine on remarque que c'est là.

Et j'avais raison. Malatras, j'y suis enfin. C'était pas si terrible que ca. Je ramasse 4 petits cailloux. Je les mets dans mon sac. C'est pour rapporter aux filles, je leur ai promis de leur rapporter des cailloux de tout en haut de la montagne. Et j'attaque la descente. J'attaque. Depuis le début, je m'économise, je bricole, je me trouve des excuses bidons pour me reposer, mais là c'est décidé, c'est fini, j'envoie la purée. Il est trop tard? Bon, bah mieux vaut tard que jamais. Je vois des lumières en bas. Je vais les croquer. Je ne pense plus à ceux qui sont derrière, ils n'ont aucune chance de me revenir dessus, je me projette uniquement devant. Et ca fonctionne. Je descends plutôt bien. À ce stade je peux massacrer mes pieds, c'est plus très important.

Dans la nuit, je passe à côté d'un refuge avec des lumières allumées. Sont dingues ces alpinistes à partir en rando au beau milieu de la nuit. Oh, peut-être que c'est le contrôle, peut-être que c'est Bonatti? Bah non, ca se peut pas, c'est pas du tout indiqué, jusqu'ici ca a toujours été balisé, avec des bénévoles en folie qui vous accueillent en frappant comme des malades sur des casseroles à 3 heures du matin, aucune chance que ce refuge sans âme soit un point de contrôle du TDG.

Je fais pipi devant la bâtisse, et reprends ma route, plein gaz, en chasse de traileurs moins pêchus que moi à rattraper. Je m'éclate. Je suis "dans la zone", je cours sans me fatiguer, j'entends le torrent au fond du Val Ferret, je vois le massif du Mont-Blanc à ma droite, les Grandes Jorasses, OK j'ai fait un TDG en demi-teinte mais je fais un beau finish alors c'est pas grave, ca rattrape tout.

Et puis quand même, j'ai un doute. Je vois un panneau en bois, alors je regarde. Et je vois. Devant moi, Bertone. Derrière moi, Bonatti. Je suis au milieu. Je dois même avoir dépassé la moitié. Ca fait bientôt une heure que je me crois le roi de la montagne, en fait je suis juste le roi des cons. J'ai oublié de pointer à Bonatti. Et pourtant je m'y suis arrêté pisser. Je l'ai vu, j'y ai pensé, j'ai pas pointé.

Alors j'ai pensé à ma fille Lise. Elle m'avait dit avant de partir "l'important, c'est de terminer". Alors j'ai fait demi-tour. La rage au ventre. L'organisateur nous avait bien parlé de respect de la montagne, tout ca tout ca. Mais, je plaide coupable, là, la montagne, elle en a entendu, des jurons, et pas que des gentils. Je hurle ma colère, du plus fort que je peux, il faut que ca sorte. Je chante à tue-tête, sur un air syndical bien connu:

  Bonatti, si tu savais,
  Ton contrôle, ton contrôle,
  Bonatti, si tu savais,
  Ton contrôle où on s'le met...

J'ai un peu moins d'une heure à faire, donc, en sens inverse. Heureusement, c'est à peu près plat. Je croise tout ceux qui étaient derrière. Ah tiens salut, t'es là toi? La Souris, Alex. Je leur explique rapidement ma situation. D'en parler, je vais mieux.

Et puis enfin je suis à Bonatti. Je pointe.

Et je repars sur ce chemin que je commence à bien connaître, celui que, d'ailleurs, le premier a raté et à cause duquel il s'est volontairement disqualifié. Je crois aussi que c'est sur cette portion qu'UltraSteph a du abandonner. Section maudite.

Mais enfin bon, tout a une fin, et je fini par rejoindre Bertone. Pour une raison que je ne comprends pas tout à fait, je suis convaincu d'avoir pique-niqué ici avec Valérie et les filles. Je crois que je disjoncte. À Bertone, je plaisante avec le taulier. Il me parle de Sarkozy. Je lui dit qu'on le leur laisserait bien, aux italiens, s'ils en voulaient. Mais il voudrait me fourguer Berlusconi en échange. Ah non mec, trop pourri ton deal ;)

Je descends d'excellente humeur, allez, l'épisode Bonatti est oublié. Voyons plutôt si j'arrive encore à descendre vite. Car oui, on est passé sous les 2000, donc je récupère peu à peu mes moyens. Je descends toutes voiles dehors, et je contrôle ma vitesse instantanée, j'essaye de dépasser les 20 mètres/minute, et c'est pas si facile de les accrocher, parce qu'il faut que je regarde la montre pour vérifier si oui ou non je suis bien au-dessus, et en même temps il faut quand même regarder devant soi pour ne pas se casser la figure. J'y arrive à peu près. En pointe, hein, pas en moyenne, faut pas déconner, 1200 mètres/heure de moyenne, à ce stade de la course, même en descente, c'est un peu fort pour moi.

Arrivée
Après presque 5 jours de course, enfin, le tapis rouge. Quel luxe!

Sur la toute fin, alors qu'on reprend contact avec le bitume, enfin, je suis bien. Clic-clac-cloc je me verrouille en position course, je me mets bien en ligne et la mécanique se réenclenche. Jambes OK? Respiration OK? Cerveau OK? Tout est OK, allez, on y va. Bon, le défaut c'est que c'est pas trop ca l'esprit du TDG mais dites-voir, sur ce finish, qu'est-ce que j'étais bien! Un traileur a essayé de me suivre. Mauvaise idée, même s'il avait allumé à 16km/h, j'aurais tenté de le rattraper.

Bon bref, je finis par passer l'arche d'arrivée.

Et là, y'a Raymond. Raymond qui me voit et me fais un superbe compliment. Il me dit "toi, t'avais vraiment envie de finir". Bah oui j'en avais envie. Un peu mon n'veu.

 

Bilan

Qu'est-ce que je retiens de ce TDG? Il confirme que j'ai du mal à être compétitif en trail. Rapidement je me trouve des excuses pour avancer lentement, je profite de l'instant présent, je regarde les petits oiseaux, je fais attention à m'alimenter. C'est super tout ca, je fais de belles promenades, mais niveau compétition, ca vaut pas un caramel. Je pense qu'il faudrait que j'aille un peu au carton, en trail, sur des distances plus courtes. Avant de revenir sur du long.

Voilà de saines activités en perspective pour 2012, 2013, et plus si affinité. J'y arriverai, à faire un bon trail bien rapide et poilu, j'y arriverai, c'est en se prenant des gauffres qu'on progresse ;)

Et puis relativisons tout de même, je finis bien au-delà de mes 100 heures prévues (qui sont vraiment de la science-fiction quand on vois ce que j'ai fait sur le terrain) mais je finis, ce qui est déjà pas mal, et le temps n'est pas dégueulasse non plus, 117h, je crache pas dessus. C'est une bonne première marque, à moi de l'améliorer!

Et puis bon, ne laissons pas la compétition nous gâcher ce plaisir d'être bien vivant, de faire tourner la machine, de respirer ĺ'air pur - même si c'est pour le cracher sur le bord du chemin - de rencontrer ces traileurs tous uniques en leur genre, ces bénévoles absolument incroyables, et ces paysages, je le reconnais, absolument grandioses. Il faudrait qu'on s'organise des vacances en famille dans le val d'Aoste, c'est vraiment un endroit exceptionnel.

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Mis à jour le jeudi 01 mars 2012.